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  • Photo du rédacteurJulien Gaüzère Auteur

Grands Boulevards (Chronique #163)


17 Novembre 2018,

Décidément, les fantômes de mon passé sont partout dans les rues de Paris. Suis-je toujours le même écrivain ? Mon regard sur la capitale a bien changé et il ne fait pas de doute que ma plume s'est bonifiée également. Alors que je prépare la sortie de mon troisième livre qui parle de cette époque révolue, je ne peux m'empêcher de revenir sur ces lieux qui m'ont inspiré : Des Souvenirs douloureux, des histoires manquées et une nostalgie si chère à mon coeur. Je ne suis pas seulement revenu à Paris pour écrire mon livre... Je suis surtout revenu pour partir bien plus loin...



Qui aurait cru qu’un jour je reviendrais à Grands Boulevards.


Comme s’est étrange de pousser à nouveau les portes de cette grande banque austère et prétentieuse. J’y retrouve pourtant une douceur, comme un parfum d’autrefois qui saisit encore mon coeur. Rien n’a changé ici. Le grand hall résonne toujours. Les femmes et les hommes d’affaires s’y bousculent avec suffisance. Ils ignorent les hôtes d’accueil qui ont pris ma place. Ils les considèrent à peine. Perdus dans leurs chiffres et leurs statistiques, ils ne voient même pas ce garçon derrière le comptoir. Il porte des rêves, des contes et des légendes. Il crée des lieux insaisissables… Il leur donne vie sur cet ordinateur entre deux coups de téléphone et deux réunions.


Qui aurait cru qu’un jour je reviendrais à Grands Boulevards.


Je prends le temps de m’assoir au bar O’Sullivan. Là où tant de fois, j’ai gribouillé mes chroniques et mes premiers contes de Faery. Ce pub où Jules aimait me retrouver et où j’aimais l’aimer un peu plus à chaque café. Je sors mon carnet, un stylo, comme autrefois… J’écris, ce qui me passe par la tête. Les ébauches de la chronique que vous êtes en train de lire. J’observe les parisiens, ces gens passionnants à la mine boudeuse qui sont capables de tant donner. Ces éternels râleurs que personne ne parvient à dompter et qui sont souvent à la marche du monde. Rien n’a changé ici, mon café à la même saveur sous les bruleurs. Mon écriture est toujours aussi fluide… il ne manque que Jules.


Qui aurait cru qu’un jour je reviendrais à Grands Boulevards.


Je m’égare dans les magasins. A l’approche des fêtes, les gamins se pressent ici pour regarder les vitrines animées pour Noël. Je pousse à nouveau les portes du Printemps Haussmann. Au milieu des touristes fortunés ou curieux, je grimpe d’Escalators en Escalators jusqu’au Stand de Manoli où je travaillais jadis. Il n’y a plus Natalia, ni même les vendeuses. Mais je retrouve cette mascarade ridicule et cet apparat bien dérisoire. Je me surprends même à sourire. J’ai fais naître mes premières chroniques dans ces murs, au milieu des chaussures à neuf cent euros et des vestons à mille.


Qui aurait cru qu’un jour je je reviendrais à Grands Boulevards.


Je traverse les couloirs de métro qui m’ont vu tant de fois courir. Je pense à Pépé devant cet Escalator qui mène à la ligne 8. Je pars jusqu’à la place du Trocadéro. Je voulais voir la dame de fer. Sous ses pieds, il y a toujours le petit théâtre de marionnettes. J’ignore ce qu’est devenu ce marionnettiste qui, un temps, a partagé ma vie. J’espère qu’il est heureux, quelque part… Où qu’il soit. J’espère qu’il est resté artiste. Je ne l’oublie pas et le temps estompe les déceptions qu’il a semé.


Je suis repassé dans le boulevard Saint Germain, devant la pâtisserie de Philippe Hervé où j’ai vendu des macarons en pagaille. En ce temps là, je me relevais doucement de la mort de Jules et je donnais un nouveau nom à mon blog : Les Chroniques d’un auteur perdu. Il y a tant de souvenirs ici… Tant de fantômes…


Qui aurait cru qu’un jour, je reviendrais à Grands Boulevards.


Je vous mentirais si je disais que je suis heureux de retraverser ces ruelles, ces avenues et de me perdre à nouveau dans Paris. Si je suis venu jusque ici, c’est parce que je cherche toujours ma route. Mon Pays Basque est impalpable. Plus je m’en rapproche, plus il me fuit. La vie que je voulais mener là bas s’embrume, se complique. Le Québec est toujours là, dans un coin de ma tête. Toujours là entre deux chroniques et deux chapitres de Pine Ridge.


J’écris sur mes vallées en regardant ailleurs. Je suis revenu à Grands Boulevards pour prendre une décision… LA décision. Je suis venu au bureau des visas canadien. Il est peut être temps de laisser les sorcières de Zuggaramurdi derrière moi… Peut être temps de suivre à nouveau le loup qui me guide. Il est peut être temps de retourner vers les Grandes Terres.

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