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  • Photo du rédacteurJulien Gaüzère Auteur

L'Homme miroir (Chronique #191)




15 juin 2019,

je suis, depuis longtemps, un électron libre. Je fais toujours en sorte que l'on ne puisse pas m'attraper. Je suis un animal sauvage et les personnes que j'approche savent que m'apprivoiser est un vrai défi. C'est sans doute le cas de cet Homme miroir. Il croit voir en moi des choses qui ne me définissent pas. Persuadé qu'il m'a apprivoisé, il ignore que ses élans me font peur. Je reste un animal sauvage et lorsque l'on me ferme la porte, je m'enfuis par la fenêtre...

J’ignore les sentiments qui dévore l’Homme miroir.

Tantôt de la compassion, tantôt de la crainte… parfois même de l’amitié.

Je le sens perdu cet Homme miroir.

Il m’arrive de me voir dans son reflet de solitude.

J’ai peur de lui ressembler.

D’avoir son aigreur, son fatalisme… parfois même sa noirceur.

Pourtant je sais qu’au fond de lui, il n’est pas comme ça l’Homme miroir.

Il a certainement eu les mêmes ambitions qui m’habite, les mêmes arrogances face à la vie.


Mais voilà, aujourd’hui il n’y a plus grand monde autour de l’Homme miroir.

Que puis-je faire pour l’aider ?

J’aime ses sourires lorsqu’il arrive à chasser l’amertume.

J’acquiesce à ses confidences lorsqu’elles s’éloignent des tourmentes.

Je me contente d’être là, de remplacer le silence et son vacarme.

Qu’il est triste le temps qui passe dans les yeux de l’Homme miroir.

Pourtant de beaux jours sont encore à sa fenêtre.

Il a tort de croire que les années se gâchent comme une maigre cigarette.


Si seulement je pouvais le voir revivre cet Homme miroir,

Mais est-ce vraiment à moi de l’aider ?

Il haït celui qu’il est devenu, il haït l’âge qui s’enlise sur sa peau.

Il s’accroche à celui qu’il n’est plus, il craint son image et idolâtre son souvenir.

Parfois, j’ai l’impression qu’il est mort l’Homme miroir.

Souvent, j’ai la désagréable impression qu’il voudrait que je meurs avec lui.

Je sais pourtant qu’il peut être bienveillant, qu’il mène un combat contre ses colères.

Malgré mon optimisme, il m’arrive de plus en plus de croire que cette guerre est déjà perdue.


Et si, moi aussi, inévitablement, un jour… ou demain, je devenais l’Homme miroir.

J’ai beau voyager, m’enfuir pour échapper au vide et à l’âcreté, je suis presque cet Homme.

Il m’arrive de penser que je me sui gâché en me perdant dans mes histoires et mes écritures.

J’ai laissé la vie et ses folies filer par la fenêtre.

Le reflet des Grandes Terres n’a rien de spectaculaire dans le regard de l’Homme miroir.

Pour être honnête, il s’efface également chaque jour un peu plus à travers le mien.


Je pourrais bien m’enfuir, échapper à la fatalité de l’Homme miroir.

Il est parfois important d’être égoïste. Surtout si votre chemin est menacé.

Il y a malheureusement peu de chose à espérer de l’Homme miroir.

Aussi cruelle que soit la vie, la seule chose qui nous différencie l’un de l’autre :

C’est que le temps est encore de mon côté.

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