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  • Photo du rédacteurJulien Gaüzère Auteur

La Chute Montmorency (Chronique #185)


15 Avril 2019, 

Je travaille depuis peu comme guide sur le parc de la Chute-Montmorency à Québec. J'y apprivoise de nouveaux paysages, de nouvelles histoires... Je m'approprie un héritage et une mélodie qui m'étaient encore inconnus. Il n'est pas difficile d'être fasciner par ce lieu incroyable et par cette Chute imposante... Mais il semblerait qu'il soit plus difficile de vous la décrire, de vous expliquer ce spectacle que j'admire au quotidien. Mes mots ne sont pas assez puissant pour les torrents de cette chute et les vallées Basques hantent toujours mon coeur de voyageur...

Je suis de nouveau loin de la maison…

J’apprivoise l’inconnu et je me laisse émouvoir par les beautés singulières.

Rien n’est jamais simple lorsque l’on commence à écrire sur une nouvelle page.

Il se peut que l’on hésite un long moment avant de poser les premiers mots.


C’est, en tout cas, la sensation qui m’envahit présentement.

Je n’arrive pas à écrire cette nouvelle page…

Je peine à l’apprivoiser, à la ressentir…


Pourtant, je ne suis pas là par hasard.

Je sais pertinemment ce que je suis venu chercher sur les Grandes Terres.

Mais je tarde à écrire sur cette nouvelle page.

Les Sorcières Basques me manquent, les légendes de la vallée, les chants du village…

Je suis sans repères...

Je transporte des histoires qui n’ont plus de sens loin de mes racines.

Je suis loin de la maison, loin du chemin de pierre et de la grotte de l’Akelarre*.

Pour évincer mes questionnements, je me laisse envouter par la chute Montmorency.

Elle est désormais mon repère, ma force et mon héritage…

Pourtant, je tarde à écrire sur cette nouvelle amie.


Tant de gens ignorent les Histoires qui s’amoncellent dans ses eaux en colère.

J’aime la contempler depuis ce belvédère, chaque matin…

Je profite de son chant puissant avant qu’il soit noyer au milieu du vacarme des touristes.

Je suis peu de chose face l’histoire de la Chute Montmorency…

C’est peut être pour cela que j’ai tant de difficulté à écrire cette nouvelle page.


Je suis loin de la maison…

Me voilà perdu au coeur d’un paysage étourdissant et imprévisible.

Montmorency est dangereuse et douce en même temps… violente et pourtant aimante… Grandiose et généreuse à la fois.

Je pourrais me perdre durant des heures dans ces torrents et ses embruns.

Elle me fascine, m’appelle et pourtant je ne parvient pas à poser mes premier mots.


La chute de Montmorency est-telle majestueuse au point que je n’arrive pas à écrire sur elle ?

Pourquoi ces lieux m’envoutent sans que je puisse les décrire et me les approprier.

Rien n’est jamais simple lorsque l’on commence une nouvelle histoire.

Rien n’est jamais simple lorsque l’on se sent peu de chose face à un torrent d’Histoire.


Je n’arrive pas écrire cette nouvelle page…

Loin de mes repères et de mon héritage, je me suis réfugié dans les bras d’une chute qui me malmène autant qu’elle me materne.

Rien n’est jamais simple lorsque que l’on saute dans les tumultes d’un voyage aussi incertain.

Je sais pertinemment ce que je suis venu chercher sur les Grandes Terres.

Mais se pourrait-il que malgré les vertiges de ces paysages escarpés, j’espère encore retrouver le chemin de la maison que j’ai délaissée ?


*Akelarre ou Aquelarre : terme basque pour désigner l'endroit où les sorcières (sorginak en basque) célèbrent leurs réunions et rituels.

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