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  • Photo du rédacteurJulien Gaüzère Auteur

La lettre oubliée (Chronique #156)


1er octobre 2019,

Lorsque l’on s’en retourne dans un endroit que l’on a quitté brutalement, on retrouve toutes sortes d’affaires que l’on a laissé derrière soi… Des cocasses, des amusantes, des nostalgiques… Et des incomprises.

Tandis que je travaille, depuis peu, à regrouper mes chroniques pour les publier, je retombe sur bien des écrits dans ma chambre d'adolescent... Des écrits qui laissaient déjà présager, qu’un jour, l’écriture accompagnerait mes voyages, mes rencontres et définiraient définitivement qui je suis et où je veux aller.


Ce soir, dans ma chambre d’adolescent, en fouillant dans un tiroir, je suis tombé sur une lettre… Cette lettre que je croyais (autrefois) libératrice et qui est restée incomprise… Cette lettre qui dessinait les contours d’une nouvelle vie et de nouveaux espoirs. Cette lettre qui a vu le jour quelques mois avant ma toute première chronique.


Pourquoi cette lettre n’a jamais eu la force que j’espérais ? Pourquoi ne fut-elle qu’une déception ? Dois-je en vouloir à mes parents de ne pas l’avoir comprise ? Etais-je bien trop excessif dans mes propos ?…


Je serais incapable de vous le dire… Je sais juste qu’à 23 ans, je l’avais écrite pour soigner des chagrins et clarifier mes décisions incomprises.

Cette lettre qui dépérit dans un tiroir a pourtant laissé des cicatrices. Elle a définitivement changé mon rapport à ma famille...


Depuis cette lettre inutile, je me confie très peu, je reste secret et silencieux. Je fuis. J’ai l’impression de ne plus avoir ma place par ici… La sensation que je dois partir loin… Toujours plus loin pour espérer définitivement enterrer mon ex et nos artefacts qui pullulent encore dans cette maison.


J’ai quelques peu hésité à la publier cette lettre dans mon livre « Les Chroniques d’un auteur perdu 2010 ». Dans le fond, elle n’y aurait pas eu sa place. Alors ce soir, comme pour réparer mes blessures, je partage cette missive d’un temps révolu où j’ai décidé de quitter "Charles", son égoïsme, son emprise étouffante, sa suffisance et où j’ai embrassé MA liberté…

31 Décembre 2009,

Et voilà… Une nouvelle année s’en va.

J’ai la sensation étrange d’avoir parcouru des kilomètres cette année… D’avoir beaucoup appris sur moi-même… D’avoir retrouvé la vie que je tentais de rattraper depuis tant d’années.

Je reviens de loin, je m’en rends bien compte. On ne sait pas souvent compris cette année.

2009 a été une année de choix, de rencontres et de changements. Savoir que demain sera totalement différent, ne m’effraie nullement. La vie n’est exaltante que lorsque l’on mise sur le changement.


Quitter Charles est sans doute la chose la plus folle que j’ai pu entreprendre. J’ai mis du temps à comprendre pourquoi… Pourquoi je ne l’aimais plus, pourquoi je souffrais. J’ai abandonné ma folie et ma légèreté pour Charles. J’ai lâché mes projets et mes valeurs pour Charles. Il n’a jamais compris ma passion pour l’écriture… Il a préféré me façonner à son image. Il ne pensait qu’à lui… Lui et sa passion pour Walt Disney. J’ai fini par ne plus me reconnaître dans le miroir… J’avais la sensation d’avoir quarante ans… Ma vie se résumait à travailler, manger, dormir et vivre avec un homme qui ne connaissait ni la bienveillance, ni l’altruisme.

Quelle tristesse de se rendre compte que l’on ne se connait pas soi-même… Comment pouvais-je devenir si transparent alors que mon esprit grouillait d’histoires ?… Et que mon coeur ne désirait qu’une chose : Les raconter.

Dans la gestion de cette rupture, je me suis retrouvé bien seul. J’espérais vous trouver sur ma route… J’ai tout remis à plat. J’ai douté. Je me suis détesté. Vous semblez ignorer que cette rupture fut tout aussi difficile pour moi et je trouve ça triste de devoir m’en justifier (surtout auprès de vous). J’ai aimé Charles… Ma décision n’était pas une trahison ou un besoin de voir ailleurs… C’était une nécessité pour apprendre à me connaître et ne plus jamais trahir cette petite voix qui chantonne dans ma tête.

Heureusement qu’ils étaient là… ces gens qui me redonnent la force d’avancer, de découvrir et d’accepter mes choix difficiles. J’ai retrouvé le sourire. J’ai fait les choses les plus folles, les plus incongrues… J’ai eu enfin 20 ans !

Trouver sur ma route des amis aussi extraordinaires, je ne pouvais pas souhaiter de plus belle histoire d’amour. Mon coeur n’est tout simplement pas prêt pour s’offrir à quelqu’un.

Ce que j’ignorais, c’est que ce changement en entrainerait un second : Partir de Disneyland.

Mon amour pour Disney, le monde « magique » des parcs d’attractions… Tout cela est très loin maintenant. Pendant de longues années, J’ai vu Disneyland comme un refuge. Un monde où j’étais protégé et entouré. J’y ai rencontré des gens fabuleux et c’est pour cela que je garderai une image positive de ces années là. Mais vivre à Disneyland, ce n’est vivre qu’à moitié. Aujourd’hui je rêve de rencontrer d’autres personnes… De parler d’autres choses, d’avoir d’autres préoccupations.

J’ai recommencé à écrire. Je vis dans le Royaume de Faery où mes héros se battent pour découvrir les secrets d’un Dynastie en danger. Le futur m’enthousiasme… Le Royaume de Faery est une aventure si riche. Je ne cesse de faire des recherches sur l’Histoire, les légendes et le folklore. C’est gratifiant de voir que les efforts et les sacrifices que j’ai fait par le passé m’ont ramené vers un Faery plus dense et plus mature. Ce Royaume est peut-être mon havre de paix ?

C’est drôle que cette histoire revienne toujours. Elle qui a commencé dans la bibliothèque du lycée en 2004. Elle qui aurait dû disparaitre dans les méandres de ma relation avec Charles. Robert McKee disait durant ses cours :

« Si une histoire vous abandonne, ce n’est pas négatif… Si elle en vaut la peine, elle vous reviendra ».


Je me sens prêt. Je vais écrire sans relâche… Sans doute durant des nuits entières pour comprendre, expliquer, décrire et faire vivre ces personnages éclectiques et insolites.

Au milieu de ce grand projet, je vais découvrir un nouveau travail dont j’ignore encore tout. J’aimerais qu’il soit à Paris… Pour être au coeur de cette grande ville… Pour m’imprégner de son histoire, de son art et de ses secrets comme du temps où j’étais à l’université… Pourvoir fouiner dans les librairies, m’arrêter dans un café… Ecrire.

J’ai mis du temps à comprendre ce grand virage… Aujourd’hui j’ai envie d’en être fier. Je suis amoureux de la vie, de mes amis, de mes projets. Demain sera le coup de foudre de ma vie. Je n’ai pas peur. J’ai hâte d’être en 2010… Je change… Je grandi…


Je vous aime et vous souhaite une très bonne année

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