14 Septembre 2019,
C'est étrange de revenir ici... Je ressens ma longue absence et pourtant... Je jurerais être parti hier. Une part de moi était resté ici indéniablement. Mon retour au Québec devait forcément me ramener au Lac Panneton. Un tas d'émotions me traversent... Mais je les accueille avec générosité, tranquillement posé sur la balancelle à écouter... Le silence.
En descendant de l'auto, après des heures de route sous une pluie battante, voilà le soleil qui revient. Le lac Panneton reprend sa place dans mon coeur et les souvenirs se bousculent dans ma petite caboche.
J'ai l'impression d'être parti hier... Et pourtant le manque de cet endroit me rappelle ô combien je suis parti longtemps...
Tout est à sa place... Rien ne semble avoir changé. Je me suis remémoré ce lieu si souvent... Tout en doutant de pouvoir y revenir un jour. Je serais incapable de vous dire s'il ressemble plus à la photographie que ma tête en avait gardé ou au visage qu'il arborait le jour de mon départ... J'ai seulement l'impression que ce départ n'en était pas un, que mon absence n'en était pas une... J'ai l'impression d'être rentré à la maison.
Je me pose sur la balancelle. J'admire le lac. Les étendues latuquoises reviennent charmer mon coeur de voyageur. Comme si ce coin de quiétude savait murmurer les bons mots à mon oreille pour me faire poser mes valises.
Le lac resplendit. Quelques huards s'y baladent encore... La brume se retirent peu à peu, laissant apparaitre les épinettes. J'assiste à l'ouverture de rideau. Le spectacle d'aujourd'hui rejoue mes plus beaux souvenirs. Les forêts, les falaises autour du lac accueillent timidement l'automne. Il y a un parfum d'entre deux... La fin d'une saison, l'attente de la prochaine... Comme une pause, une parenthèse qui sied parfaitement à mon retour.
J'aime les silences qui disent beaucoup... Et par ici, les silences sont très bavards. Ils savent vous charmer... Ils sont là pour vous rappeler que la vie, c'est aussi savoir se cacher pour respirer... S'enfuir pour mieux revenir. La Tuque ne serait sans doute pas aussi belle sans ses silences... Mais après tout, les silences viennent se cacher ici parce que cette terre est assez grandiose pour les mériter.
J'ai l'impression d'être parti hier... Et pourtant, le manque de cet endroit me rappelle ô combien je suis parti longtemps...
Je vis un bonheur éphémère en revenant goûter aux plaisirs du Lac Panneton, de La Tuque et de la Mauricie. J'ignore encore si tout cela me fait du bien... Je réalise les errances de mon voyage... Les erreurs de ma longue course vers les Grandes Terres. En revenant au Québec, je n'ai cessé d'espérer un seul lieu, un seul moment... Ici et aujourd'hui.
J'ignore pourquoi j'ai mis autant de temps pour revenir... Pourquoi je n'ai pas compris plus tôt que mon voyage n'avait qu'un seul but : retrouver ce chemin... Qu'un seul chemin : celui de la maison. Aujourd'hui, posé là, sur la balancelle, silencieux, serein, je n'ai plus aucun doute. Ma maison québécoise sera toujours La Tuque... Mes Grandes Terres seront toujours La Mauricie... Mon ancrage, le bord du lac Panneton...
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