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  • Photo du rédacteurJulien Gaüzère Auteur

Les Chroniques d'un Auteur Perdu 2010 (Chapitre 15)


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Aujourd’hui il fait beau… Les températures sont douces pour un mois de décembre.


Pendant ma pause déjeuner, je m’installe sur la terrasse du O’Sullivan pour achever l’écriture d’un premier conte.


Cette nouvelle vision… ce nouveau chemin que j’empreinte pour faire vivre le Royaume de Faery me semble assez prometteur.


Cette idée de Sémy était peut-être la bonne… En tout cas elle m’inspire de nouveau.


Je retrouve la joie, la satisfaction d’écrire.


De temps à autres, je digresse… L’idée de mon roman n’est jamais bien loin… Il m’arrive très souvent de quitter les feuillets de mes contes pour alimenter cette oeuvre future que j’espère toujours réaliser.


Lorsque je me plonge dans mes légendes… j’en arrive à oublier le vacarme parisien autour de moi… L’effervescence des Grands Boulevards n’a aucune incidence sur la richesse de mon imaginaire.


Je suis tellement porté par mes mots que je pourrais presque me croire au coeur d’une forêt ou au bord d’un ruisseau où chantent mille oiseaux.


Je ne remarque même pas que quelqu’un s’installe à ma table et se penche sur mes écritures.


« Tu as l’air d’être complètement habité par ce que tu écris ! »


Je sursaute…

Comme violemment arraché à mon imaginaire…


En levant les yeux, je reconnais Jules, le garçon que j’avais rencontré au club du boulevard Haussmann.


D’ordinaire je suis très irritable lorsque que l’on m’extirpe brutalement d’un instant d’écriture mais je suis content de le revoir.


Il se montre très curieux au sujet de mes écrits. Je lui parle du Royaume de Faery, du roman que j’envisage et de ces contes qui commencent à voir le jour.


Je reste malgré tout assez évasif…


Mais Jules découvre à travers ces confidences que je ne suis pas seulement un blogueur qui s’interroge sur l’art et la vie à Paris.


« Et bien… tout cela me passionne ! »


Il tente de lire quelques bribes de mes textes.


Mais je ne me sens pas encore assez en confiance pour lui passer mes feuillets.


Je suis quelqu’un qui dévalorise souvent son travail… J’ai toujours peur du regard des autres et surtout de l’avis qu’ils pourraient porter sur mes écrits.


Mes seuls vrais lecteurs, ce sont mes amis…


Pourtant ces derniers mois, quelque chose a changé… J’ai commencé à partagé mon écriture grâce à ce blog.


Alors peut-être qu’un jour, j’aurai assez confiance pour emmener Jules sur les sentiers de Faery ?


Je ne veux pas décevoir ce garçon…

Ce garçon qui me plait, au demeurant.


Nous passons un long moment à parler de nos relations respectives avec l’art.


Jules n’est pas uniquement un oiseau de nuit. Lui aussi porte des rêves d’artistes… Il est entre deux vies…


Sa sensibilité est une beauté rare qui le rend précieux. Il fait partie de ces gens qu’il est bon de rencontrer et de garder près de soi.


Le temps se rappelle à moi…


Je suis déjà en retard pour reprendre mon poste à la banque.


Je ramasse maladroitement tous mes feuillets éparpillés sur la table. Je dis au revoir furtivement à Jules avant de regagner le 14 de la rue Bergère.


En chemin, je réalise que j’ai (une nouvelle fois) oublié de demander à Jules son numéro de téléphone.


Mais je m’amuse à croire qu’il n’est pas impossible que l’on se re-croise fortuitement dans les rues de Paris.


Ce soir, on se retrouve tous chez Romain pour une énième réunion d’artistes…

Nous avons la surprise de découvrir qu’Alex a définitivement posé ses valises chez notre ami.


Romain lui a proposé de venir vivre avec lui… Voilà un bel événement à fêter ! Cela fait du bien de voir Romain si heureux.

Nous levons nos verres à ces vies que l’on partage… Et à cette chance que nous avons d’être ensemble…


La première à lever son verre c’est Eva…


Elle en profite pour nous faire écouter sur son téléphone un extrait de sa première chanson !


Le deuxième à lever son verre, c’est Sémy qui nous annonce avoir achevé l’écriture de son scénario.


Le troisième à lever son verre, c’est Fred qui nous dévoile ses toutes dernières peintures…

Et pour finir, c’est moi… Qui souhaite tout le bonheur possible à Romain et Alex…


Qui rappelle à chacun de mes amis à quel point ils me sont précieux et quel point nous sommes chanceux de faire vivre nos rêves sous les toits de Paris…


Nous courrons toujours après notre art.


Il s’égare parfois…


Cette ville est dynamique et impitoyable. Peu importe où ils nous emmènent, nous avons la vie devant nous pour choyer nos rêves et les réaliser.


Qui aurait cru qu’un simple blog, que de simples confidences maladroites, m’amèneraient à m’interroger sur l’art, sur l’écriture et les sentiments que cela procure ?


Qui aurait cru que je vous raconterais mon histoire ?…


J’ai encore tant de chroniques à partager avec vous. Encore tellement de choses à vous dire…



Chronique n°15

L’art est avant tout l’héritage d’un travail amoureux… la métaphore, le miroir et le coeur de ce sentiment complexe. Comme il existe un art à l’amour, il existe aussi un amour pour l’art.


L’art… (sa peinture, sa mélodie, sa prose) trouve une consécration dans la contemplation de l’amour. L’amour… (Son baiser, sa fougue, sa folie) ne s’explique qu’entre les lignes sinueuses d’un art pour la vie.


J’entends souvent dire que l’artiste doit vivre d’amour pour créer son entreprise poétique… Pourtant la plupart des artistes sont des gens solitaires et sans encrages. Ils fuient ce sentiment qui les fascine autant qu’il les effraie.


Même si je porte toujours en moi l’amour de mes proches… Ma famille, mes amis… Je puise mon art dans le néant et le manque.


Je les observe souvent, les gens qui s’aiment… leurs baisers fragiles, leurs caresses éphémères, leurs mains liés qui s’agrippent l’une à l’autre. Elles sont dans la fuite elles aussi… Mais la fuite de quoi?... Celle de la solitude ?… La même que je trimballe chaque jour dans mes baskets. Celle qui m’oblige à écouter de la musique dans le métro. Celle qui plante une cuillère dans un pot de Ben & Jerry’s pour affronter une comédie romantique ou celle qui s’accommode de cette absence froide sur mes draps la nuit…


Comme de nombreux amoureux d’écriture, je suis sous le charme de la solitude. Ironiquement, grâce à elle, je ne suis pas seul. La solitude me permet de vivre dans un imaginaire qui ne me quitte jamais. De passer de folles nuits blanches, entremêlant mon corps à des verbes indomptables, offrant mon coeur et mes mains à une écriture qui efface les aléas de la réalité. Je ne vis l’amour qu’au travers de mes personnages.


Je pense que l’amour n’est pas l’unique pilier de l’art… il en est le fruit certes, mais pas la source. Un artiste amoureux est-il un artiste qui s’efface ?


Pourquoi lorsque l’artiste aime, l’inspiration s’enfuit à tire d’ailes ?


Comme tout le monde, j’ai essayé, j’ai tenté d’offrir mon coeur... Etrangement, je n’étais pas totalement moi-même. Je n’étais pas totalement amoureux…Il me manquait un supplément de vie, une part d’imaginaire. Alors j’ai abandonné…


Si l’Art me permet d’écrire l’amour, il ne me montre pas la voie pour le vivre… J’admire ceux qui savent vivre à deux, ceux qui savent compter sur un autre… J’aimerais tellement avoir l’art d’aimer comme eux.


Suis-je vraiment fait pour aimer ?…

C’est difficile d’y arriver sans renier ses valeurs…


FIN

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