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  • Photo du rédacteurJulien Gaüzère Auteur

Les chutes du Wayagamac (Chronique #118)

Dernière mise à jour : 25 nov. 2020



21 Août 2017,

Depuis plusieurs jours, je suis le programme de Protection de la faune à l'école forestière de La Tuque, au Québec. C'est le temps des rencontres, des nouvelles amitiés... Et des découvertes ! Il est difficile de vous décrire les activités variées et exaltantes que nous entreprenons chaque jour à l’école forestière. Je m’étonne, moi même. Je surpasse les limites que je m’étais toujours fixé… Celles que les autres m’avaient collées sans raisons. J’apprivoise la forêt, je cherche à la comprendre et à m’y faire une place.


Il y a des instants qui restent à jamais gravés dans nos veines. Des moments (souvent les plus simples) qui sans vraiment de raisons s’encrent en vous pour toujours. C’est exactement le cas de cette journée aux chutes du Wayagamac.


Avec quelques camarades de l’école, nous avons emprunté un sentier qui s’enfonce dans une large forêt où le vent est doux et l’ombre apaisante. Sous mes pas décidés, je contemple les fougères majestueuses qui saluent mon passage. Sur cette terre asséchée par les journées chaudes du mois d’août se baladent des dizaines de fourmis ouvrières.


Nous quittons le sentier, l’esprit gourmand, pour cueillir des mûres acidulés et gouteuses. Nous les mangeons avec plaisir et frénésie… Sans vraiment prendre le temps de les apprécier. Nos doigts deviennent habiles pour éviter les épines et les guêpes qui protègent ce trésor. Puis nous retournons sur notre chemin, celui qui grimpe, dévale et s’enroule, jusqu’aux chutes du Wayagamac.


Très vite, j’entends le bruit de l’eau. Ce bruit agréable et cristallin d’une eau qui semble, calmement déferler à son rythme, entre les pierres. Le sous bois nous abandonne un instant. Nous voilà sur les pierres, à remonter la rivière. A regarder l’eau caresser nos chaussures et nous guider sur les nombreuses roches qu’elle épargne. Le ciel est majestueux, pas un nuage. Le soleil nous montre la route des chutes du Wayagamac.


Tout en sautant de pierre en pierre, j’aperçois ce pont, celui que le train avait emprunté pour me déposer à La Tuque. Je ne peux que l’en remercier. La vie est si calme et pleine de promesses dans ces forêts généreuses. Je réapprends le goût des choses à mon rythme. Ce train ne reviendra me chercher que lorsque je serais rassasié… Mais j’ai comme la sensation que je ne me lasserai jamais des gourmandises de ce petit coin de Mauricie.


Nous laissons les courants calmes de la rivière pour retrouver à nouveau le bois. Le bruit de l’eau ne disparaît pas pour autant. Je dirai même qu’il s’intensifie au fur et à mesure que nous nous rapprochons des chutes. Les oiseaux chantent copieusement, les écureuils s’élancent de branche en branche… Il semblerait que nous ne soyons pas les seuls à suivre la route des chutes du Wayagamac.


Lorsque ce petit paradis se dévoile, votre coeur s’emballe. Les eaux calmes rencontrent le tumulte des cascades. Ce joli spectacle semble avoir trouvé une protectrice dans les bras généreux de la forêt. Elle entoure avec bienveillance ce bijou caché… Comme un jardin secret bien dissimulé. Un trésor que l’on ne mérite qu’après une longue route et quelques embuches.


Posés sur les pierres, nous prenons le temps. Nous l’oublions. Il n’a pas vraiment sa raison d’être par ici. Les pieds dans l’eau, les yeux perdus dans le ciel clair, je savoure l’instant. Je ne me sens pas étranger dans ses forêts. Je comprends leur message, je le garde à mon coeur et je le transforme en force. J’aimerai que toutes mes journées soient aussi riche que celle-ci… Riche de peu de choses, de peu de contraintes et d’innombrables beautés.


Il y a des instants qui restent à jamais gravé dans nos veines. Des moments (souvent les plus simples), qui sans vraiment de raisons s’encrent en vous pour toujours. C’est exactement le cas de cette journée aux chutes du Wayagamac où j'ai laissé un morceau de mon coeur…

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