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  • Photo du rédacteurJulien Gaüzère Auteur

Les colères Océane (Chronique # 157)


10 octobre 2018,

Je ne suis plus sûr d'appartenir à la terre que je m'efforce de chérir. Il s'installe entre nous des sentiments d'attirance et de répulsion. Pour y voir plus clair, j'ai délaissé la vallée et les villages de Sorcières... Je m'en suis retourné à l'Océan pour comprendre pourquoi mon coeur est si en colère... Pour comprendre pourquoi le loup que je porte en moi me guide vers d'autres horizons.

Je glisse, je m’efface et tombe…

Je pensais ressentir, un encrage fort et un lien indéfectible.

Et si je m’étais fourvoyé ?

Je ne capte plus l’énergie des pierres, je n’entends plus le secret des arbres…

Les Sorginak* m’ont abandonné.

Alors j’ai quitté la terre, les montagnes et la vallée.

Je suis parti me réfugier près des colères Océane.


Elles ne connaissent pas le silence et l'apaisement,

elles sont violentes et révoltées.

Elles hurlent leurs désespoirs,

déversent leur amertume sur les rochers.


Je pourrai crier mes colères océane.

J’accumule tant de rage et de rancoeur.

J’aimerai atteindre cette sensation,

celle de défier les digues et les barrages.


Je n’ai plus d’encrage,

Plus de chez moi,

Plus d’intimité,

Plus de jardin secret.

Pourtant il y a les colères océane et les chemins de pierre…


Mon esprit, lui, est ailleurs.

Pourquoi me sentir si prisonnier dans ce monde de liberté ?

J’aimerai tant calmer mes colères océane,

Avant de m'y noyer.

L’Océan est beau depuis nos côtes.

Il est fort, déterminé.

Convaincu de son pouvoir et de sa place.


L’Océan n’a que faire de l’arrogance des Hommes.

Il peut les écraser s’il le veut.

L’Océan n’a que faire de l’emprise des Hommes.

Il peut détruire leur monde s’il le souhaite.


J’aimerai avoir les mêmes certitudes.

En repartant dans la vallée,

Mes colères Océane se sont apaisées.


Depuis les hauteurs du Labourd,

L’Océan n’a plus la même force,

La même rage.

Il semble sage.


Il caresse du bout des doigts,

Les frontières Basques.

J'observe ses vas et vient depuis le chemin de pierre.


Assis contre une stèle oubliée,

J’ai enfin compris.

Ce n’est pas parce que je paraît calme,

résigné et perdu,

que je ne porte pas en moi des colères Océane,


J'ai assez de force pour détruire les dignes qui m’empoisonnent.

Et si je m’étais fourvoyé ?

Et si, comme l'Océan, je devais,

Affronter les pierres, noyer mon monde,

Et me retirer en silence pour retrouver le calme ?


* Sorginak : Sorcières (en langue basque)

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