Les guides (Chronique #155)

17 Septembre 2018,

Après quelques semaines d'absence, me revoilà dans la vallée, sur les chemins de pierre. Je continue mon travail de recherche sur les Sorcières Basques. Je n'ai pas oublié le dilemme qui s'est offert à moi... Je n'ai pas oublié non plus l'apparition de la Sorgin au bord de l'eau. Mes quelques jours à Paris m'ont aidé à y voir plus clair. Cela fait longtemps maintenant que je laisse les signes me montrer la voie, pourtant je ne les ai jamais étudié, je n'y ai jamais prêté une attention toute particulière... Et si ces signes étaient plus important que je veux bien le croire... Et si il y avait de l'inexplicable derrière mes histoires de Sorcières ?

Je reviens sans cesse au bord de l’eau… Loin des chemins de pierre de Zugarramurdi. J’y passe mes après-midi. J’y griffonne des histoires, j’y puise des poèmes, j’y pose des questions…

Qui étaient les Sorginak de mon pays ? Quel héritage ont-elles laissées dans la vallée ?

Je reviens sans cesse au bord de l’eau… Comme guidé par une force peu commune, presque irréelle. Je me sens bien, assis sous les grands chênes. J’entends les murmures de la forêt. Elle m’inspire, me réconforte et m’accompagne… Mais qui m’a guidé jusque ici ?

J’ai souvent écouté les signes au cours de ma vie. Je n’ai jamais eu peur de prendre les décisions les plus folles, de suivre les vents contraires et les routes à contre-sens… Je me suis toujours senti protégé… guidé… Dans mes choix, dans mes erreurs et dans mes apprentissages.

J’ai souvent écouté les signes au cours de ma vie. Mais je n’ai jamais voulu pousser plus loin la porte de l’impalpable et de l’invisible… Même en ayant vu un loup venir à moi dans Paris et une Sorgin m’apparaitre le long d’un ruisseau. Il paraît que nous avons tous des guides… Dois-je le croire ?

Mais qui sont nos guides ? Des disparus ? Des inconnus ?… Que doit-on tirer de leurs enseignements ?… J’ai la sensation que j’ai des choses à apprendre… Que cette forêt, que ces habitants m’autorisent à pousser les portes de l’impalpable et de l’invisible.

Mais qui sont mes guides ? Des proches ? Des étrangers ?… Me connaissent-ils si bien que ça ?… J’ai la sensation que ma vision du monde va être transformée… Que je n’écrirai plus jamais les mêmes histoires une fois que j’aurai ouvert les portes de l’impalpable et de l’invisible.

Depuis que j’ai découvert cet endroit au bord de l’eau, je n’arrive plus à m’en défaire. Je m’y sens chez moi. Ce bout de verdure, de roches et de cascades est le point de départ de tous mes chemins, de tous mes rêves et mes espoirs. J’ai la sensation d’être né ici… la sensation que mon âme, une fois libre, reviendra hanter ce lieu.

Depuis que j’ai découvert cet endroit au bord de l’eau, je sens sans cesse mes guides derrière moi. Je perçois leur amour, je leur offre mon respect et nous partageons nos curiosités.

Qui étaient les Sorginak de mon pays ? Quel cadeau viennent-elles de m’offrir sur ce chemin de pierre ?

Mes guides semblent enfin prêts à répondent à mes questions… A me dévoiler une part de ce monde invisible et impalpable.