top of page
  • Photo du rédacteurJulien Gaüzère Auteur

Les Québécois (Chronique n°208)

Dernière mise à jour : 19 juin 2020


11 Novembre 2019,

Je viens de rendre les clés de mon appartement à Québec. Je prends une dernière fois le bus 800 jusqu'à la gare centrale du vieux port avec ma grande valise. Il neige... Il neige abondamment comme le jour de mon arrivée. Je sors mon carnet, j'ai besoin d'écrire. Je de la peine de laisser Québec derrière moi... Et à la fois je suis excité à l'idée de retrouver mon Pays. Je monte dans le bus qui va me mener à Montréal. Je regarde cette douce ville qui s'efface dans la neige et le froid. Je devais écrire sur les Québécois... Ceux qui ont embelli ma route... Ceux qui ont été ma famille... Ma maison.


Les Québécois


Cela fait presque deux ans que je ne cesse de vagabonder entre La Tuque, Québec, Hudson et Montréal. Deux ans que j’apprivoise et m’approprie les expressions québécoises… Il arrive parfois qu’elles s’immiscent dans mon écriture trop cadré. Je suis devenu un peu québécois… Je me suis laissé charmer par les Grandes Terres et par ses habitants.


A bien des égards, les français et les québécois, nous nous ressemblons beaucoup. Nous sommes des cousins lointains. Notre langue et notre Histoire commune sont deux ponts bien solides reliant deux rivages. Les Québécois ont gardé une part de nous. C’est sans doute pour cela que l’on se sent vite à la maison par ici…


Deux ans et ils vont tellement me manquer. Les Québécois sont des gens accueillant. Mais je pense que je ne vous apprends rien en écrivant cela. Ils portent en eux le calme des paysages qui les entourent. Le temps sur leurs terres est si imprévisible. Ici, la générosité et la simplicité ont remplacé les bougonneries du vieux français. Il faut bien être de bonne humeur pour s’accommoder de la neige et du frette !


En y repensant, je ne suis plus sur si nous nous ressemblons vraiment. Les québécois ont des qualités que je ne vois plus briller dans les yeux des français depuis bien longtemps. Nous sommes les ombres et ils sont la lumière… les derniers défenseurs de notre langue. Là où nous sommes devenues des révolutionnaires inutiles. Dans le fond notre seul véritable point commun, c’est que le français est un impitoyable râleur et le québécois un incorrigible chialeux… Nous aimons porter ces défauts et nous les défendons avec panache.


J’ai fini malgré moi par devenir un Québécois. J’ai sacré plus que de raison, trouvant les jurons bien plus chantant que par chez moi. J’ai appris à parler souvent du temps qu'il fait, à tout le monde et tous les jours ! … A me demander s’il faisait pas trop frette pour se promener en coton-ouaté… J’ai trouvé la Poutine réconfortante et la Pitoune pas mal festive…


Je pourrais citer ou vous décrire pendant des heures les personnes extraordinaires que j’ai croisées, côtoyées et aimées sur ces terres… ça serait pas mal plate pour vous autres mais je vous assure qu’ils méritent tous ma reconnaissance. Beaucoup d’entre eux ne savent pas à quel point j’ai puisé ma force à leurs côtés… Et c’est ben correct. Ici on ne s’attarde pas sur les sentiments. On se fait des accolades, on niaise pour se montrer comme on s’aime et on se promet de se revoir bientôt…


Si vous aussi, un jour, il vous prend l’envie de partir, de vous réinventer et de suivre l’appel des Grandes Terres, n’oubliez pas que nous avons une p’tite famille sur le nouveau continent. Prenez le temps de la découvrir. Laissez-la vous apprendre ses valeurs, vous faire grandir, vous faire revivre… Laissez-la vous montrer à quel point vous méconnaissiez l’élan de liberté qui dormait en vous.


Cela fait presque deux ans que je ne cesse de vagabonder entre La Tuque, Québec, Hudson et Montréal. Deux ans que j’apprivoise et m’approprie les Grandes Terres québécoises… J’arrive à la fin d’un voyage… A ce moment à la fois enivrant et nostalgique du Point final. Je ne ferme pas la porte… J’y laisse cette chronique affectueusement pliée pour garder un entrebâillement, une passerelle entre mon Québec et mes vallées… Au cas où demain, je reviendrais…

10 vues0 commentaire

Comentários


bottom of page