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  • Photo du rédacteurJulien Gaüzère Auteur

Terminus Beauport (Chronique #192)


24 Juin 2019,

Les choses sont allées trop loin... Je ne pensais pas vivre ce sentiment d'insécurité, de panique et de honte un jour. Me voilà encore en train de m'enfuir. Encore avec ma valise. Sauf que cette fois je ne sais pas où aller...

Je ne vois plus Québec comme une ville rassurante. Je tremble, je contiens mes larmes... rien dans cette nuit pluvieuse ne semble me réconforter. Je suis libre mais je ne le sais pas encore. Je suis fort mais je l'ai oublié.

Terminus.

Je suis seul dans la nuit avec mes peurs et mes incertitudes.

Pour l'instant, je peine à être optimiste. J'ignore si je suis soulagé ou terrorisé.

Mes mains tremblent encore, elles arrivent tout juste à tirer ma valise et tenir les affaires qui ne rentraient pas à l'intérieur.


Terminus.

Il est 22 heures et la pluie ne cesse de tomber sur le bitume.

Pour l'instant, j'essaie de rassurer mon coeur qui bat la chamade. J'ignore si je suis en sécurité.

Je poste encore les stigmates de ma fuite incontrôlée.

Je rassure ma famille et mes amis qui me manquent tant.

J'envoie des missives dans la nuit. Même si je sais qu'elle est plus avancée par chez eux.


Terminus.

Je suis seul à ce carrefour où les lumières s'alternent.

Rouge, vert, orange... Rouge, vert, orange.

Elles donnent à Beauport plusieurs visages, de multiples ambiances.

Un paysage schizophrénique qui m'empêche de reprendre mes esprits et de m'apaiser.


Terminus.

Que c'est laid Beauport.

Ses longs trottoirs abîmés qui disparaissent aux croisements des routes.

Ses panneaux qui s'accumulent un peu partout pour vous indiquer comment fuir.

Ses abris bus presque abandonnés... et la pluie qui défigure ce décor pesant.

Terminus.

Il est bientôt 23 heures. Il pleut toujours.

J'ai envie de pleurer. Je suis fatigué et trempé.

Rouge, vert, orange... Rouge, vert, orange...

Et ce bus qui m'arrive jamais.

J'ignore si je suis encore capable de parler.

Cela fait des heures que je n'ai pas dit un mot. Je crois que je n'arriverai jamais à en poser sur ce que je viens de vivre.


Je porte encore les stigmates de ma fuite.

Les mains tremblantes, le coeur qui bat la chamade.

Le chauffeur me demande de descendre.

Je ne réalise pas encore que je suis libre.

Que je suis arrivé à Terminus Beauport.

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